Célia Heinrich
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Contes cruels
et stupides

Ah ! Les contes ! On a tous eu dans notre bibliothèque un recueil de ces petites perles, bien rangé entre les BD d'Astérix, le Prince de Motordu, et les Contes de la rue Broca. Petite fille, j'en avais des tas de ces albums, recelant d'histoires d'Europe et d'ailleurs. J'en adorais les belles illustrations, mais surtout leur caractère féérique et facétieux. Plus tard, j'ai continué à aimer la narration très particulière du format et surtout, surtout, le côté absurde et féroce de certains contes.

D'où cette rubrique. J'avais envie d'écrire à mon tour des contes cruels et stupides. Des histoires codifiées, aux motifs répétitifs, aux personnages anonymes et peu dépeints, qui endurent des tragédies sans queue ni tête.

Approchez, n'ayez pas peur ! Abandonnez votre bon sens et sombrez avec délectation dans la folie des contes.

– Hey ! Salut, ma jolie ! la héla le loup. Où vas-tu comme ça de si bon matin ?

– Merde… murmura-t-elle sans qu'il ne l'entendit.

Elle ne pouvait pas mettre un pied dans la forêt sans être sollicitée par tous les loups en chien des environs.

– Je vais voir ma mère-grand pour lui apporter un paquet de petit beurre et de la colle pour dentier, dit-elle dans un sourire feint.

– Oh ! Je peux t'aider à trouver un meilleur itinéraire, s'écria-t-il, sortant précipitamment un iPhone d'une touffe de son poitrail.

Elle le laissa s'approcher, basculant derrière son dos son panier d'osier. Alors qu'il bidouillait son application mobile, elle tâta sa bourriche à la recherche d'un couteau à cran d'arrêt. Dans un même mouvement, elle déplia l'arme et l'enfonça dans l'abdomen de la bête.

– Crève, stalker de mes deux !

Le regard du loup se figea, et il chut dans un bruit mou. Sans perdre de temps, elle enfonça ses mains dans la plaie béante et en sortit des lianes d'intestin. Puis, elle lui arracha le cœur, le jeta au sol et le piétina.

S'allumant une sèche, elle en prit une profonde bouffée et poursuivit sa route vers la maison de retraite.